#JusticePourMehdi : Cinq ans de combat, une injustice qui souffle encore
auteur: Chaïmae
La décision de justice rendue en mai dernier dans l'affaire Mehdi Bouda a choqué de nombreuses personnes, bien au-delà du cercle familial. Après cinq années de lutte acharnée, la famille et les proches du jeune homme de 17 ans, tué par une voiture de police à Bruxelles en 2019, n'ont pas obtenu la réponse qu'ils espéraient. La juge a prononcé un non-lieu en faveur des policiers impliqués dans l’accident mortel, et, comble de l'injustice, la famille a été condamnée à verser entre 11.200 et 18.000 euros pour couvrir les indemnités de procédure.
Retour sur les événements clés :
Mehdi Bouda : Cinq ans de silence, cinq ans de combat
Le 20 août 2019, un soir d’été à Bruxelles, Mehdi Bouda, 17 ans, quitte les bancs du Mont des Arts. Certains ont suggéré qu’il tentait de fuir un contrôle de police, estimant qu’il avait des choses à se reprocher. D’autres, au contraire, soutiennent une version différente. Selon Ayoub Bouda, frère de Mehdi et fondateur du collectif #JusticePourMehdi, Mehdi ne courait pas par crainte de la police, mais simplement pour prendre les derniers transports en commun.
Après avoir traversé la galerie Ravenstein, il est percuté sur le passage piéton par une voiture de police roulant à 98 km/h dans une zone limitée à 30, sans avoir allumé les gyrophares. L’intervention visait un cambriolage à plusieurs kilomètres de là, à Schaerbeek, selon les propos tenus par les services de police.
La famille est prévenue seulement le lendemain matin, un matin qui marque le début d’une longue lutte toujours d’actualité : obtenir justice pour Mehdi.
Pas de procès, mais une facture et une colère partagée
Le 29 juin 2025, environs 200 personnes se sont réunies devant le Palais de Justice de Bruxelles, pour soutenir la famille et dénoncer un système qui punit ceux qui réclament des comptes.
Ayoub Bouda, accompagné de l’avocate de la famille, Joke Callewaert, ont pris la parole pour énoncer les dernières nouvelles de l’affaire en cours. Les manifestants présent en masse, ont exprimé leur mécontentement face à l’indifférence de la justice, paradoxalement injuste.
Le nom de Mehdi est scandé aux côtés d’autres noms : Adil, Fabian, Ouassim, Sabrina, Ibrahima, Sourour… Tous évoquent une même réalité : celle d’un manque
de transparence, de responsabilité, et d’un sentiment d’impunité autour des violences policières.
La chambre des mises en accusation confirme le non-lieu pour les policiers impliqués. L’audience est annulée, et cette décision tant attendue par les proches est finalement transmise par e-mail, une heure avant l’heure du jugement prévue.
Et l’injustice ne s’arrête pas là. Ils ont considéré qu’il s’agissait d’un malheureux accident, et la famille a été condamnée à verser un total de 18 000 euros
d’indemnités de procédure, dont 11 200 euros destinés à couvrir les frais des avocats des parties adverses, alors même que les policiers bénéficient d’une couverture par l’assurance de la police ! « Les policiers ont dû compléter un simple procès-verbal sans même avoir eu la peine de se présenter une seule fois en salle d’audience », déclarait Ayoub.
Malgré cette décision inique, Ayoub reconnaît ne pas avoir encore gagné le combat face à la justice, mais affirme avoir gagné les cœurs des rues de Bruxelles. « Le phénomène n’est plus tabou. Mehdi fait partie de l’histoire. Les violences policières font partie de l’histoire de Bruxelles, c’est un phénomène qui ne peut plus être nié », ajoutait-il.
Cette manifestation devant le Palais de Justice a marqué un tournant dans la lutte pour la justice de la famille Bouda. Elle a réuni des voix, des soutiens et a fait entendre un cri commun : celui de la recherche de vérité et d’un changement radical dans la manière dont les violences policières sont traitées dans la capitale belge.
Et maintenant ?
Refusant de baisser les bras, la famille a décidé de porter l’affaire en cassation. Pas par espoir aveugle, mais parce que renoncer serait laisser Mehdi, ainsi que toutes les autres victimes de violences policières, disparaître une seconde fois.
Pour Mehdi. Pour la vérité. Pour qu’on n’oublie pas.
« Si on nous avait écoutés il y a 6 ans, s’ils avaient donné un cadre pour légiférer les courses-poursuites, cela aurait pu sauver des vies. On a choisi la voie de la justice. On a essayé de nous en dissuader, mais on ira jusqu’au bout. La solution ne vient pas de l’individualité, mais de la collectivité. » , disait Ayoub Bouda.
C’est ce même esprit de solidarité et d’engagement collectif qu’incarne le collectif ALADAR, qui a récemment organisé une Impro Night en plein air, le 5 juillet 2025, au VaartKapoen à Molenbeek. Cet événement, bien plus qu’une simple soirée de divertissement, s’inscrit dans une démarche de soutien aux familles victimes de violences policières.
L’aspect particulièrement important de cette soirée a été la récolte de dons au profit de ces familles, renforçant ainsi l’engagement social du collectif. Cet événement a été une véritable célébration de l’art, de la solidarité et de la convivialité, offrant un espace d’expression libre et de soutien aux victimes. Il y avait au programme des performances musicales, de la danse, une scène ouverte, un BBQ et plusieurs stands avec différentes activités.
ALADAR, un collectif bruxellois, continue de défendre l’accès à l’art pour tous. En réunissant des artistes de divers horizons, ils créent des espaces où l’inclusion, la bienveillance et la culture se rencontrent.
Cette soirée a donc eu un double impact : célébrer la créativité, tout en soutenant une cause fondamentale. C’était un moment pour unir les cœurs, pour ceux qui ont souffert des violences policières, mais aussi pour ceux qui, comme la famille Bouda, continuent de lutter pour que justice soit faite. Malgré la douleur et l’injustice, ils se battent pour qu’on n’oublie pas, pour qu’il n’y ait plus d’autres victimes.